La géostratégie: nouvel outil de compréhension des bouleversements inédits mondiaux actuels?

L’académie euro-arabe des études géostratégiques poursuit son travail de consolidation à travers l’organisation de la rencontre, à Paris le 2 mai 2023, d’une vingtaine de chercheurs et chercheuses dans des domaines aussi variés que la géostratégie, l’économie, l’histoire, les archives, la philosophie, l’édition, la culture, l’environnement, la communication, les médias ainsi que le monde associatif. Un premier tour de table a permis aux participants de présenter leur itinéraire de recherche rattaché à leur vision de la géostratégie, à travers quelques problématiques clés : -L’évolution rapide de la scène internationale, la situation économique et politique en Europe où la confusion, voire l’inquiétude, règne. -La France voit notamment sa position en Afrique et dans de nombreux pays arabes décliner ; ses relations n’étant pas dépourvues d’une certaine vision coloniale. -L’espoir est né en Afrique où certains pays ont préféré se tourner vers la Chine. -La guerre dite russo-ukrainienne a mis en exergue une volonté farouche de la part des pays européens non pas à chercher une résolution par la voie du dialogue mais en se livrant à une escalade d’agressions en tous genres. La Russie n’ayant plus que le choix de se défendre. -L’apparition du Covid 19 a ébranlé un grand nombre de pays dans le monde et a abouti à une équation politique inédite, surprenant la quasi-totalité de la population mondiale et prenant conscience du caractère plus ou moins obsolète des orientations stratégiques classiques. -Un des bouleversements majeurs actuels opérés dans le monde concerne le rapprochement de l’Arabie Saoudite et de l’Iran dont les conséquences dans la région seront inévitablement colossales et inédites. Et plus spécifiquement sur les intérêts de ces six pays que sont l’Irak, la Syrie, le Yémen et la Libye, l’Arabie Saoudite et l’Iran. -Un travail intense et approfondi permettrait d’esquisser des solutions politiques et économiques sans oublier la question palestinienne, sur laquelle les participants ont particulièrement insisté. C’est l’être humain commun qui croit en la justice, le développement et la paix. Le second tour de table a permis de dégager, à la lumière des transformations accélérées et globalisées, des axes de propositions ou des alternatives. Le monde arabe regorge d’atouts innombrables malgré ses nombreux fléaux. La nouvelle donne internationale impose de tenir compte de cet espace géographique qui s’étend à travers les continents et dans lequel aucun changement ne peut s’accomplir sans lui. Les responsables de ces pays gagneraient à être à la hauteur des demandes et des exigences de leur peuple et leurs élites. Dorénavant au-delà des ressources naturelles dont ils disposent, il leur faut compter avec un important capital humain scientifique et technique. Actuellement, l’Occident puise dans ces forces Al-Hayyah, qui ont étudié dans les universités arabes, et qui aujourd’hui président et dirigent de nombreux laboratoires internationaux, et sont présentes dans les structures politiques et scientifiques occidentales. Fort de leurs réalisations intellectuelles, épistémologiques, scientifiques et techniques, les auteurs tels que Malek Bennabi, Al-Jabri, Mohamed Arkoun, Al-Mahdi Al-Manjra, Abdullah Al-Aroui, Rushdi Rashid se sont imposés dans les universités et instituts de recherche du monde arabe et occidental. Dans cette perspective, l’Académie s’est donné pour objectif de valoriser les travaux de recherche significatifs d’acteurs stratégiques arabes et occidentaux en leur décernant un prix et en organisant des rencontres académiques autour de leurs travaux. C’est-à-dire ceux qui ont œuvré pour la cause humaine commune, pour la recherche scientifique et des objectifs intellectuels loin des motifs politiques pour servir des causes injustes, ce qui conduit inévitablement à plus d’angoisse et de dispersion notamment dans le cadre des changements climatiques qui auront un impact sur le monde entier. Ainsi la géostratégie aujourd’hui, au-delà de sa dimension militaire, couvre davantage les aspects culturels, techniques, scientifiques et climatiques, sans oublier de déconstruire le discours religieux de certains mouvements extrémistes dont les objectifs et les agendas ne servent ni l’islam ni le monde arabo-musulman, et ne contribuent aux changements qui s’opèrent dans l’univers que par la destruction. Les signes du changement dans ce domaine semblent se cristalliser ici et là. Par exemple en Arabie Saoudite, qui s’est débarrassée de ces mouvements extrémistes propose de nouvelles alternatives qui auraient une réflexion positive sur la religion islamique ; ce qui est demandé aux chercheurs et aux spécialistes, c’est d’initier de nouvelles lectures et orientations qui libèrent la personne arabe de la dualité du permis et de l’interdit et lui donnent une place à part entière. L’épistémologie et la philosophie mobilisées, proposent des alternatives qui contribuent à apaiser le monde, devenu comme un village, et toute nouveauté qui sert le monde arabe et islamique sert le commun humain. Fort de ce constat, les participants ont salué l’initiative de l’Académie et l’ont encouragé dans la poursuite des ses objectifs et de sa mission, notamment afin qu’elle devienne aussi bien un lieu de cristallisation de la pensé humaine pluraliste qu’une force de propositions proactive. Les participants ont mentionné l’espoir levé par les énergies arabo-islamiques présentes en Occident et susceptibles de jouer un rôle effectif dans la contribution au progrès social, politique et scientifique des institutions arabes. Conscients des enjeux et des changements qui s’opèrent dans le monde, ils ont l’espoir de faire avancer le monde arabo-islamique vers de nouveaux horizons. Sa présence pérenne dans tous les domaines l’a rendu respectable et lui a permis d’être parmi les nouveaux acteurs dans la formalisation de visions et d’alternatives qui contribuent non pas au développement de l’Occident, mais au monde dont il est issu, fait partie de sa réflexion quotidienne continue. L’académie organisera régulièrement des rencontres entre le monde arabe et le monde occidental dans le respect mutuel, en présentiel et via son site web. Une série de vidéos concernant des auteurs de renom tels que Noam Chomsky, Emmanuel Todd, Edgar Morin et bien d’autres viendront également enrichir les échanges figurant sur le site web. Elle publiera un magazine trimestriel en plus des dossiers de recherche. Il s’agit d’apporter aux acteurs concernés par ces problématiques des éléments-clés de la pensée positive qui leur permettent de suivre les événements sans devoir passer par ceux qui critiquent, méprisent ou insultent le monde arabe, mais plutôt ceux qui portent un regard sur le monde avec des vues objectives, hostiles ou volontairement absentes dans les domaines intellectuels et culturels, parce que ce qu’ils disent ou écrivent n’est pas conforme à leurs vues, en particulier à la lumière de la montée de l’intolérance à l’égard de l’islam et du monde arabe.